La Commune

L'Internationale

 

 Procès de l'Internationale, L'Illustration, 1870

 

- Benoît Malon a été, avec son ami, l'ouvrier relieur Eugène Varlin, l'un des dirigeants de l'A.I.T., l'Association Internationale des Travailleurs, la 1ère Internationale, créée en 1864. Il est devenu à Paris garçon de librairie puis s'essaie au journalisme militant. Il habite dans le XIe arrondissement de Paris, dans une toute petite impasse, l'impasse Saint-Sébastien que je suis allé voir en décembre 1999.

L'un de ses rôles historiques de Benoît Malon a été, dans cette période, de diriger, d'implanter en province et, après 1867 de maintenir dans la clandestinité l'Association Internationale des Travailleurs. Envoyé spécial de la Marseillaise, le journal d'Henri Rochefort, il rend compte, comme journaliste, des grandes grèves du Creusot de 1870 qui, pour la première fois, contestaient le pouvoir des grands maîtres de forge que sont les Schneider, et manifeste un indéniable talent d'observation et d'écriture, le sens de la polémique et du trait juste et acéré. Il dénonce le pouvoir absolu du Maître et les pressions sur les grévistes ; il raconte avec verve les débats du tribunal correctionnel d'Autun qui juge les grévistes et le Procureur impérial qui les tance parce qu'ils ne comprennent rien aux lois de la concurrence qui empêche les salaires d'augmenter et parle de l'ingratitude des ouvriers.

Les articles de Benoît Malon le révèlent alors au monde de la presse et de la politique. Au Creusot, il est non seulement journaliste mais aussi l'homme de l'Internationale et Jean-Baptiste Dumay, l'un des leaders des ouvriers de la ville dira plus tard toute la dette qu'il a vis-à-vis de Benoît Malon.

- Peu de temps après, Benoît Malon fait l'expérience de la prison politique : il a été condamné pour reconstitution de société secrète (L'Internationale avait été dissoute). Emprisonné à Sainte-Pélagie, il reçoit les visites de Léodile Champseix qui, au même moment, participe activement au mouvement des réunions publiques qui a préparé la Commune et organise le mouvement de revendication des femmes. Dans sa prison, Benoît Malon signe l'appel de l'Internationale qui appelle les ouvriers français et allemands à se dresser contre la guerre. Mais l'appel eut peu d'écho.

 

 

 

La Commune

- La proclamation de la République a libéré Benoît Malon. La place qu'il tient dans le mouvement ouvrier s'explique aussi par le rôle qu'il a alors joué pendant l'Année Terrible, celle du siège de Paris et de la Commune. Adjoint au maire du XVIIe arrondissement (les Batignolles, au N.O. de Paris) pendant le siège de Paris, il réussit à fournir des secours aux victimes de la misère. Député de la Seine à l'Assemblée Nationale, il vote contre la cession de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne : l'Internationalisme n'est pas antinomique du patriotisme et, autour de Gambetta, ce sont les Républicains qui avaient été animés par un vibrant patriotisme. En mars 1871, comme la plupart des Internationaux, il ne souhaite pas l'affrontement avec le gouvernement de Versailles ; il est de ceux qui tentent d'éviter la guerre civile car il pense que l'affrontement risque d'aboutir à l'écrasement du mouvement ouvrier qui est en train de s'organiser. Mais lorsque la rupture est consommée, il est du côté des insurgés, élu membre du conseil général de la Commune et nommé maire des Batignolles. Au sein de la Commune, par attachement à la démocratie, Benoît Malon est de la minorité qui s'oppose à la constitution d'un comité de Salut Public exerçant - pour sauver la situation - un pouvoir dictatorial. C'est lui qui, avec Gérardin, a proposé la candidature de Rossel - un capitaine de l'armée de Bazaine rallié à la Commune - comme chef militaire des Fédérés. Et, pendant la "semaine sanglante" (21-28 mai 1871), il dirige la résistance dans le quartier des Batignolles : un article de l'historien anglais Robert Tombs a étudié dans notre Bulletin des Amis de Benoît Malon le rôle que celui-ci a joué pendant cette "semaine sanglante". La Commune est écrasée. La répression par les soldats de Versailles fait 15 000 à 20 000 morts. Benoît Malon est, quelques mois plus tard, condamné par contumace par le 3e conseil de guerre de Versailles , à la déportation perpétuelle : il semble qu'une intervention faite en faveur de l'un des otages - un proviseur de lycée qui vint témoigner en sa faveur - lui ait évité une condamnation à mort.

 La Commune en PdF par www.commune1871.org